Review : La self-défense par ACDS-NDS
Bonjour à tous, aujourd’hui je vais vous parler du livre “La self-défense” par l’ACDS, un des indispensables de la littérature française sur la sécurité personnelle.
Introduction
L’ACDS et NDS sont deux écoles de self-défense regroupant des formateurs francophones de très grande qualité. Ils sont connus pour leur approche globale de la self-défense, à savoir le traitement de l’agression, avant, pendant et après. Ce type d’approche à longtemps en France était en retrait. En effet, pour beaucoup, et même encore aujourd’hui, la self-défense c’est une défense sur une technique d’attaque. Peu s’intéressaient à ce qui se passe avant et après l’agression, à savoir ce comment l’éviter et le cas échéant comment en gérer les conséquences. Lorsqu’on s’intéresse à ce types d’approches, on se rend compte que les compétences nécessaires pour gérer ce type de situations sont diverses et variées. On se rend compte surtout qu’elles dépassent largement le domaine des arts martiaux et des sports de combat.
Dans une optique de sensibilisation du public à cette approche, les moniteurs de l’ACDS ont décidé de rédiger un petit manuel que je vais présenter ici.
I- La sécurité personnelle
Les vingt première pages de ce livre posent bien l’esprit de l’ACDS. En effet, dans cette première partie, les auteurs présentent une partie des compétences nécessaires à la pratique de la sécurité personnelle. D’ailleurs, pour un peu mieux définir de quoi on parle, je me permet de citer leur définition de la sécurité personnelle : « Elle se compose d’un ensemble de savoir-faire qui permettent de prévoir et donc de diminuer considérablement les risques d’agression, mais également d’y faire face le cas échéant ». Ainsi, ils traitent d’abord des premiers secours. Ensuite, ils définissent un cadre juridique dans lequel on travaille : celui de la légitime défense. Pour continuer, ils passent à la partie « mindset » et gestion du stress. Enfin, ils parlent préparation physique ET matérielle. Cette notion de préparation matérielle est souvent tournée en dérision avec la caricature. Notamment sur les gens qui vivent dans des bunkers ou qui sortent de chez armés jusqu’aux dents. Néanmoins, la liste conseillée ici est plus une preuve de bon sens que d’extrémisme combatif. En effet, parmi les objets, on retrouve, stylos, carte bancaire, numéros d’urgences… De même dans la voiture, une lampe de poche, bouteille d’eau, câbles de démarrage ou une couverture. Bref, rien de choquant, du simple bon sens.
Ensuite, les auteurs s’intéressent aux signes précurseurs de l’agression. De la communication, verbale et non-verbale, de l’altercation aux différentes phases de l’agression pour finir sur le type d’agresseur possible. Pour finir, ils proposent quelques précautions d’usage dans la vie de tous les jours et terminent sur les phases post-agression avec notamment la difficulté psychologique de vivree après l’agression.
Cette partie fait un peu fourre-tout, néanmoins, elle a l’avantage de réellement faire comprendre à quel point la protection personnelle est un ensemble de compétences de domaines très variés.
La Self-défense
« La self-défense, c’est être en mesure de se sortir d’un mauvais pas dans lequel on s’est mis par manque de chance ou par bêtise, et non une activité sportive. » Je m’intéresserai plutôt à la première partie de cette définition, la comparaison avec l’activité sportive me paraissant plus une petite remarque de street-credibility…
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Armes improvisées
La self défense et donc ce qui se passe lorsque la sécurité personnelle a échoué. C’est le gros du contenu de ce livre. Cette partie commence par un chapitre pour les armes improvisées. Pourquoi ce choix ? Parce que selon cette logique, quand on passe au combat, on est déjà dans une mauvaise situation et il faut s’en sortir à tout prix. Par conséquent, il faut s’armer pour rééquilibrer la situation. A l’image des arts martiaux philippins, à l’ACDS, le travail des armes passe avant le travail à mains nues et les armes improvisées sont leur première étape. Pour aller plus loin, le travail à mains nues permet d’acheter du temps et de la distance pour sortir une arme (improvisée ou non). Plusieurs armes improvisées et leurs cibles sont traitées. On parle de stylo, couteau, journal, ceinture, lampe de poche…
2.Mains nues
Le livre traite ensuite du travail à mains nues. Pourquoi pas le couteau ? Peut-être parce que le couteau d’un point de vue légitime défense est compliqué à justifier ? En tous cas, ils commencent par les mains-nues. L’ACDS met en avant le travail des percussions. Ceci est justifié par le fait qu’il est difficile de passer une clé sans une préparation par une percussion. Dans cette partie, sont traitées les armes naturelles et les cibles. Pas vraiment de techniques pour ne pas figer l’apprentissage. Le point très intéressant ici est le travail des gardes passives, qui permettent d’être prêt en même temps que l’on essaie de désamorcer le conflit. Ils parlent également un peu de déplacement. Enfin, ils traitent des morsures et des clés et projecctions qui ne doivent être utilisées qu’en derniers recours. Enfin, derniers cas, les cas un peu particuliers et problématiques : le sol et le mass attack. Ainsi, le sol n’est pas conseillé mais peut être un point de passage transitoire et stratégique. De même, on peut s’y retrouver et il faut savoir s’en sortir. Toutefois, ils ne défendent pas une stratégie de défense au sol en self défense.
3. Le couteau, le spray de défense… Arme à feu
Le couteau est traité en tant qu’objet de persuasion, de combat, sa variété et ses stratégies d’utilisation. Cela étant dit les auteurs traitent ensuite de comment se défendre face à un couteau. Ils proposent d’ailleurs parmi les défenses une qui passe… par une descente au sol ! Puis vient le travail du spray de défense. Deux pages y sont consacrées mais c’est particulièrement intéressant puisque de nombreuses personnes possèdent de tels sprays pour se rassurer mais souvent leur utilisation n’est pas vraiment maîtrisée. Ceci peut diminuer l’efficacité du spray mais aussi se retourner contre soi. Bien que ce ne soit pas dans l’ordre, ils terminent sur les réponses face à une arme à feu. Je ne détaillerai pas cette partie pour deux raisons : la première c’est que je ne suis pas compétent sur le sujet ne travaillant que rarement les armes à feu. La seconde, j’ai un sérieux doute sur la pertinence de l’enseignement de ce genre de chose à des gens peu formés et encore moins dans un livre.
Pour finir, les auteurs parlent d’intervention lors d’une agression d’un tiers et sur les moyens de retenir un agresseur une fois neutralisé.
Conclusion
Le livre « La self-défense » est un livre très intéressant. Il donne un vrai cadre à la sécurité personnelle et présente bien l’esprit. Sa construction est parfois bizarre mais la lecture reste agréable. Personnellement, je regrette tout de même deux choses. La première est que la partie sur la sécurité personnelle est à la fois trop courte et trop fouillie. Alors le côté fouilli présente l’avantage de montrer la complexité des compétences à développer en sécurité personnelle . Cependant, je suis resté un peu sur ma faim à cause de ce choix d’uniquement survoler ces choses-là. C’est d’ailleurs assez paradoxal puisque la partie self-défense qui de l’aveu même des auteurs est ce qui se passe quand tout a raté, fait 90 % du livre, lors que la phase de prévention, qui devrait couvrir le gros des besoins fait à peine 20 pages.
La partie self-défense justement, présente là aussi une grande variété de situations et des principes de combat. Là encore on comprend bien l’esprit de travail à l’ACDS. Par contre, toujours le même problème pour moi, des schémas de présentation de situations d’agressions à l’heure du dvd me paraissent un peu dépassé. De plus, ce qui est présenté demande définitivement de la pratique et donc une précision dans le travail pratique sous peine de créer des défauts majeurs. Bref, au niveau culture générale, très enrichissant. Pour ceux qui veulent se pencher plus sur la question, il sera indispensable d’aller en stage pour avoir des instructions réelles précises à mon avis (voir les stages sur leur site) .
En conclusion, c’est un livre à avoir. Le nombre de livres en français sur le sujet est de toute façon faible. On ne peut qu’espérer qu’un second tome sorte un jour et se concentre sur la partie non-combat. Malheureusement, je comprends aussi que ce soit un risque d’éditer un tel livre, le public ne suivant peut-être pas. En tous cas, n’hésitez pas à prendre ce livre si vous voulez avoir une première approche de la sécurité personnelle. En particulier, si vous pratiquez uniquement les arts martiaux ou sports de combat et que vous désirez une pratique pour être plus en sécurité.
3 commentaires
HENRION
Bonjour,
bien que faisant partie de l’ACDS, je n’ai pas participé à la rédaction de ce livre. Néanmoins il fait partie des livres qui restent rapidement accessibles (au même titre que Protegor par exemple et deux trois autres). Les critiques formulées paraissent constructives et pourraient effectivement inspirer pour rédiger un autre opus. J’en profite pour “saluer” la manière d’effectuer la revue et les critiques, qui témoignent d’un réel intérêt pour la pédagogie ou en tous cas pour la façon de passer un enseignement. Dans la mesure où vous aviez effectué la revue d’un de mes livres, voyez-vous un inconvénient à ce que je la recopie dans la partie “commentaires” d’Amazon?
Encore merci pour ces éléments!
Eric Henrion
Taxam
Bonjour Éric,
Merci pour le commentaire. Les critiques se veulent constructives! C’est parce que j’ai trouvé le livre intéressant que j’en fait la revue, sinon je passe sous silence 😉
En effet un autre opus pourrait être intéressant et plus orienté pratique un peu comme votre propre ouvrage.
Vous pouvez recopier le commentaire sur Amazon. Avec plaisir.
Yvan
HENRION
Merci! Du coup je l’ai copié-collé à la suite d’un ancien commentaire, puisqu’on ne peut pas faire deux commentaires par personne. J’en ai profité pour mettre un lien vers votre site. D’ailleurs, je trouve qu’il est complémentaire avec le blog de Fred Bouammache (co-auteur de Protegor).