
Comment bien choisir son art martial?
La question du choix de l’art martial est une question très fréquemment traitée. Je n’ai jamais fait de réponse sur ce sujet encore, donc je m’y colle. La rentrée approchant, ça peut être utile. Lorsque le débutant demande quel art martial, c’est pour savoir évidemment ce qui lui conviendra le mieux. C’est la première fois qu’il ou elle se retrouve face à la vaste pourquoi je pratique. Très souvent, la réponse apportée est plus ou moins technique. Préfères-tu frapper ? Préfères-tu lutter ? Veux-tu une pratique efficace pour te défendre (question de trollage potentiel)? Ici, je classifierai surtout en fonction de la recherche du futur pratiquant.
Introduction
On arrive rarement aux arts martiaux par hasard. La situation des arts martiaux actuellement n’est plus la même qu’il y a cinquante ans et avoir des informations sur les arts martiaux n’est pas si compliqué. Par conséquent, on arrive plus facilement avec une idée de ce que l’on souhaite trouver dans notre pratique. Néanmoins, avec l’information, l’offre s’est également développée faisant qu’il est assez compliqué de s’y retrouver précisément. Cet article aura donc pour but de répondre à quelques interrogations.
On peut globalement choisir une discipline en fonction des critères suivants :
- L’objectif de la pratique
- Le choix des « armes »
- Le degré d’engagement physique
Le mélange de ces trois critères vous donnera l’art martial le plus adapté. Néanmoins, la question la moins évidente est quel art martial choisir en fonction de son objectif. C’est ce dont nous parlerons ici.
L’objectif de la pratique
L’objectif de la pratique est central. C’est ce qui déterminera en grande partie le temps que vous passerez dans l’art martial. Si l’objectif n’est pas clair, vous arrêterez rapidement sauf coup de chance. Chaque discipline a intrinsèquement une pratique permettant de répondre à un objectif majeur, suivi de quelques mineurs. Parfois les mineurs peuvent devenir majeurs en fonction de l’instructeur mais globalement, il n’y aura que peu de surprises. Typiquement, toutes les disciplines martiales enseignent des aptitudes au combat. Le fait qu’elles soient mises en avant ou non dépendra de l’instructeur et du style. Par conséquent identifier l’objectif est l’assurance de faire un bon choix.
Le sport/ la compétition
Si vous cherchez la confrontation, à vous tester, à gagner des matchs, les arts martiaux « sportisés » et les sports de combat sont pour vous. Boxes sportives donc à base de percussions (boxe anglaise, full contact, kick-boxing, boxe française), luttes sportives à base de projections et/ou de soumissions (lutte libre, lutte greco-romaine, grappling), Mix martial arts, arts martiaux « sportisés » (karate, taekwondo, Yoseikan Budo, Kudo, sambo, sanda, judo, jiujitsu brésilien, muay thai, escrime, kendo…), ils vous permettront de tester vos compétences de combattants sur ring, tatamis ou cage.

Le curseur du sportif viendra de l’origine de la pratique. Un sport de combat comme la lutte ne se pratique que pour le sport. Les arts martiaux devenus sports gardent tout de même une partie traditionnelle de travail sur la forme et de travail technique. Ceci étant dit, ce travail de forme peut également donner lieu à des formes de compétitions artistiques (compétitions de Katas voir de trickz ou d’enchaînements libres). La plupart des clubs fédéralisés proposeront ainsi généralement une partie sportive puisqu’appartenant à une fédération sportive (même l’aikido ou le krav-maga).
La self-défense
Généralement, lorsqu’on a cet objectif, on vient pour « apprendre à se défendre ». Dans l’imaginaire, on vient pour apprendre à se défaire d’une attaque physique. C’est au final, l’objectif qui fera que la personne restera le moins longtemps. Pourquoi ? Parce que quelqu’un qui a peur d’une agression cherche avant tout à savoir comment ne plus avoir peur. Or, lorsqu’on apprend à se battre, encore plus dans un cadre de self-défense, le taux de réussite est plus inquiétant qu’autre chose. Ce n’est donc pas la bonne solution. Par conséquent, soit la personne arrive dans un club où l’instructeur est honnête et elle aura rapidement fait le tour de la question de savoir se défendre et partira, soit la personne arrive dans un club où les techniques qu’elle apprend la rassureront suffisamment pour lui donner assez de confiance pour ne plus avoir peur et elle partira… La self-défense pure n’est pas pour le grand public un bon facilitateur d’assiduité.

Si le but est plus de la curiosité et de la recherche autour de la self-défense, on ira pratiquer du krav-maga, close-combat, du penchak silat, du systema, des arts martiaux philippins, certains jujitsus (pas fédéral), du tir tactique… Si le but est opérationnel, là on ira voir ces disciplines plus un sport de combat.
Le cas particulier de la peur de l’agression
C’est certainement la raison qui pousse le plus de gens à s’inscrire. C’est aussi ce sur quoi la plupart des clubs communique le plus. Or, finalement, assez peu de clubs répondent réellement à cette question. Se diriger vers le krav maga, le penchak Silat, les closes combats ou les arts martiaux philippins semble être la solution le plus naturel.
Pourtant, diriger les gens vers des méthodes de protection personnelle (ADAC, ACDS…) devrait être la priorité. En effet, si je veux résoudre la peur de l’agression, je dois connaître les mécanismes de l’agression avant tout pour réaliser qu’avec les bons comportements, j’ai peu de chance d’y être conforté…
Les autres styles ne donneront pas cette satisfaction et voir parfois, vont maintenir la personne dans cet état de peur. En fait, en ce qui me concerne, la question de la peur de l’agression devrait être réglée dans les 6 mois à deux ans de pratique. Curieusement, c’est souvent le cas dans la plupart des arts martiaux traditionnels. Pourquoi ? Pas parce qu’ils sauront se sortir d’un combat, personne ne peut prédire ça, y compris les meilleurs experts. Par contre, la meilleure image de soi que l’on acquiert via ces pratiques fait qu’on a globalement moins peur.
De plus, les gens supportent rarement d’être directement en face d’un traumatisme. Connaissez-vous un des plus gros fail de la self-défense ? La méthode anti-viol où les femmes étaient systématiquement mise en situation où elles allaient se faire violer. Très peu de femme avaient envie de faire ça ! Et c’est bien normal.

N’oubliez pas, la peur de l’agression n’est que rarement rationnelle (sauf quand la personne s’est faîte agressée ou qu’elle connait un proche qui s’est fait agressé). Allez dans un club de danse. J’ai fait l’expérience récemment et demandez à ces gens, qui via leur pratique sortent énormément plus que la moyenne, s’ils se sont fait agresser dans les 6 derniers mois. Ou, s’ils connaissent quelqu’un qui s’est fait agressé dans les six derniers mois. La réponse était édifiante…
Par conséquent, si mon problème est que j’ai vraiment peur de me faire agresser, je pratiquerai avant tout un art martial. A charge au bon instructeur de suggérer quelques stages de protection personnelle.
La tradition ou la culture
L’envie de retrouver un univers, une tradition est également un moteur courant de la pratique des arts martiaux. Le côté fan du Japon se retrouvera dans l’aikido, le karate, les écoles de jujitsus traditionnels, le kyduo, les écoles de sabre. On y retrouvera tout l’apparat japonais traditionnel et cette rigueur et cette structure qu’on y associe. Pour ceux qui sont nostalgiques des films de kungfu, de Bruce lee et du maître chinois, les wushus sont faits pour vous. Wing chun, shaolin quan, pakua, Tai chi, Yi Quan… Même les passionnés de chevaliers ou de l’élégance française ou britannique des années 1850/1900 pourront trouver leur bonheur avec les arts martiaux historiques européens ou la savate et la canne de combat !

De même, on pourra citer la capoeira pour profiter de l’ambiance brésilienne et de sa très bonne énergie. On parlera également du kalarypayat dont la richesse culturelle par ses liens avec l’ayurveda et le yoga en fait une pratique exceptionnelle.
Le kalarypayat avec Nelly D’argent que j’ai eu la chance de croiser et que je recommande pour ceux qui voudraient le pratiquer
Le développement personnel et la santé
Parfois, ce qui attire dans les arts martiaux est ce cadre et une certaine rigueur permettant de grandir par la pratique, aussi bien physiquement que mentalement. Le travail devient alors de comprendre et changer son ego. Dans ce cas, les pratiques méditatives en mouvement sont le bon choix. Tai chi chuan, Qi qong, Iaido, Kyudo pour les arts martiaux chinois ou japonais. On peut dans cette catégorie également rajouter le systema Ryabko ou le Sonmudo coréen. Le propre de ces pratiques est également de proposer un cursus de santé physique par le massage, la respiration ou par des médecines traditionnelles.
Être frappé permet d’en apprendre beaucoup sur nous-même
Conclusion: vous avez le choix!
Voilà où un pratiquant devrait aller en fonction de son questionnement. Charge au pratiquant d’ensuite se renseigner spécifiquement sur chaque discipline. Dans ces disciplines, il faudra faire des cours d’essais pour avoir une idée du niveau d’engagement physique auquel il faut s’attendre et également de l’ambiance. Enfin, un dernier point important est la proximité du club. Un club très éloigné ne facilite pas la régularité. En parlant de régularité, même si vous avez raté deux, trois, quatre semaines de cours, revenez-vous entraîner, n’ayez pas peur !
Dernier point, pour les instructeurs. Il est important qu’un instructeur qui identifie le pourquoi d’un nouvel élève le dirige vers ce qu’il cherche vraiment s’il ne peut le trouver chez vous. Ce n’est qu’un gain à court terme d’essayer de donner une proposition inadaptée au choix du pratiquant. N’oubliez pas une chose, ce que j’ai cité est la raison pour laquelle on commence, mais les arts martiaux nous changent profondément. Etre au bon endroit pour commencer permet de s’accrocher et persévérer dans cette voie. Ensuite, la recherche varie au cours de la pratique et à ce moment-là, vous retrouverez peut-être le pratiquant que vous avez envoyé ailleurs parce qu’il aura apprécié le geste quand ce que vous proposez correspondra à sa recherche.
Et vous, quel est votre choix pour la rentrée ?
A bientôt
Yvan

