Riposter par Michael Illouz

L’année dernière, j’ai invité Guillaume Morel pour un stage tournant autour de Protegor, particulièrement intéressant dans le format et le contenu. Durant ce stage, il m’a parlé du livre en préparation de Michael Illouz, instructeur de l’Académie Franck Roppers, expert en self-défense. Généralement peu porté sur les livres sur la self-défense pure en français (je vous épargnerai les compte-rendus en question…), j’ai un peu hésité à me le procurer. Finalement, je l’ai acheté et je dois dire que j’ai été agréablement surpris. J’ai donc décidé d’en faire une critique dans cet article.

 

Introduction

 

Michael Illouz, auteur de Riposter

 

Riposter est un livre à la promesse claire : traiter les problématiques de fond de la phase de combat en self-défense. Michael Illouz définit bien les différentes phases de la sécurité personnelle et précise bien qu’il ne va traiter que de ce sujet. Il va donc chercher les lignes directrices majeures qui régissent ce type de situation. L’originalité de son approche est que pour une fois, on n’a pas droit à une revue d’un catalogue technique mais réellement à des grands principes à suivre. De façon personnelle, la voie stratégique qui est choisie n’est pas la mienne. Néanmoins, dans le courant que suit Mickael et qui est le courant dominant, je dois dire que c’est une des approches les mieux construites que j’ai lues jusque-là.

 

 

Une méthodologie basée sur la boucle OODA

La boucle ODAA est un grand classique de la self-défense. Emprunté à un concept de l’airforce, cette boucle modélise les différentes phases de la prise de décision. Ce concept est ici appliqué au combat.

O : Observation du danger : position de la menace, environnement et tous les éléments pertinents pour la suite

O : Orientation : Positionne le corps et le mental en fonction de la situation

D : Décision : C’est la phase qui définit la conduite à tenir

A : Action : c’est la mise en œuvre de la décision

Cette boucle itérative structure la méthode de travail de l’auteur. D’abord l’analyse de la situation en termes de distance et de menace, la prise de distance, le choix des entrées et l’attaque. Chacune de ces phases est traitée dans le livre.

De cette partie, je retiendrai deux concepts importants : la gestion de la distance et de la kinésphère et la prise d’information et la prise de décision.

 La gestion de la distance est indispensable pour se donner le temps nécessaire pour générer une réaction. Le maintien de l’adversaire hors de la kinesphère est donc tactiquement extrêmement important. Le problème est que l’agression arrivera proche de cette distance puisqu’on se trouve en self-défense à une distance sociale que l’agresseur cherche à atteindre souvent verbalement. Les gardes passives seront donc ici essentielles associés à des déplacements efficaces.

  Le deuxième point est une piste de réflexion intéressante. La multiplication des connaissances techniques pour une attaque donnée augmente le temps de prise de décision. L’auteur préconise donc des sortes de réponses polyvalentes, drillées intensivement pour raccourcir ce temps d’action. Le dernier point pour augmenter le temps de réaction et la rapidité de l’analyse de l’attaque qui vient avec l’expérience.

Pour tous ces points, l’auteur donne quelques exercices faciles à mettre en œuvre pour travailler cela.

 

 

Préparation mentale et physique

 

La self-défense demande des qualités particulières. A l’inverse d’un combat de boxe qui durera plusieurs minutes, la résolution d’une situation de self-défense est très courte. Energétiquement, on privilégie donc les filières permettant une explosivité maximale. L’auteur préconise des exercices courts de quelques secondes, à haute intensité, avec un travail fonctionnel et polyarticulaire combiné à de la musculation spécifique.

A cela s’ajoute le stress, comprenant une composante physiologique et une conséquence psychologique, cette dernière pouvant potentialiser la première. Il s’agit donc ici d’être capable de dissocier les deux et de contrôler ses émotions.

Pour cela, Michael propose une approche jouant sur trois piliers, savoir-faire, pouvoir-faire et vouloir-faire. Le stress diminuera chacun de ces piliers mais être performant sur les trois limitera les dégâts.

Le savoir-faire se travaille par la technique. Le pouvoir-faire en se mettant en situation. Le vouloir-faire avec un travail sur soi et sur ses convictions éthiques. La résilience globale au stress peut également se travailler selon Michael Illouz surtout via des pratiques permettant de dépasser ses limites physiques. La pratique des sports de combat aide également à améliorer les qualités utiles à une confrontation physique.

 

Les outils de la self-défense par Michael Illouz

 

Dans cette partie, un inventaire de comment frapper, pourquoi, avec quoi, est fait. Les différentes armes naturelles sont rappelées ainsi que les zones à frapper en fonction. Le focus est mis sur les frappes pouvant générer un KO technique en frappant les zones incapacitant soit la fonction respiratoire, soit la vision, soit la mobilité. Sans surprise, on retrouve donc les frappes aux yeux, à la gorge, au plexus, aux genoux et aux chevilles.

De manière surprenante, on ne retrouve pas les frappes aux parties génitales mais c’est certainement parce qu’une frappe à cet endroit ne provoque pas nécessairement un KO technique rapide.

Michael donne enfin neuf principes tactiques très pertinent à suivre pour appliquer correctement ces frappes.

Dans une deuxième partie, le livre propose toute une série de mises en application où les différents principes vus jusque-là sont illustrés. Il termine par les liens et différences entre les arts martiaux, les sports de combat et la self-défense. Là aussi, je ne suis pas vraiment d’accord avec son analyse des choses puisqu’il considère que les arts martiaux sont attachés « à une réalité loin de notre époque » et que les Do s’attachent à apaiser des gens ayant connu la guerre sous-entendant qu’ils trouvent leur efficacité chez les pratiquants ayant ce profil.

Ceux qui me lisent le savent, je défends les arts martiaux en tant que méthode applicable à la vie quotidienne. Les arts martiaux servent à atteindre un but. Le combat physique est une au mieux une application des arts martiaux mais surtout un cadre d’étude métaphorique. Les mêmes stratégies sont applicables au commerce, à l’économie, la politique… Lisez les 36 stratagèmes et analysez la méthode de Trump… J’ai fait ça il y a peu, c’est édifiant. Et Trump ne sait pas donner un coup de poing mais est la personne la plus puissante du monde… Mais c’est une disgression, je le rejoins sur le fait que si on parle purement de réaction à une agression physique, ce n’est pas le plus adapté en tant que tel…

 

Conclusion

 

Riposter est un livre intéressant. En terme pratique, il donne en fait ce qu’un bon petit stage de 2/3 jours sur les essentiels de la self-défense pourrait être. A voir si c’est faisable de mettre ça en place d’ailleurs… Michael  a fait un joli travail de synthèse lui permettant de rassembler les principes essentiels pour se préparer à une confrontation dans le cadre d’une agression physique où il y a un passage à l’acte violent. Ces principes sont clairs, bien énoncés et avec une méthodologie pratique pour les travailler. C’est un ouvrage de qualité à avoir pour ceux qui s’intéressent à la self-défense (et qui ne parlent pas anglais). Pour pousser plus loin, c’est un ajout parfait à Protegor, sur la partie résolution physique du combat. Lisez-le vous ne serez pas déçu.

 

 

 

N’hésitez pas à donner votre avis sur ce livre quand vous l’aurez lu !

 

A bientôt

 

Yvan

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