
Riposter : cahier pratique, la revue
Après son premier livre, Riposter, Michael Illouz est de retour pour un deuxième opus. Dans cet article, je vais en faire la revue mais avant toute chose, sachez que pour moi, c’est certainement ce que j’ai vu de mieux de plus intéressant en ce qui concerne un support d’apprentissage par un livre. Riposter : cahier pratique, voici mon avis !
Riposter, remettre dans le contexte
Ce deuxième livre de Michael peut totalement se prendre sans avoir lu le premier. Il est largement assez riche pour intéresser n’importe qui s’intéressant réellement à la pratique de la self-défense pour se défendre et non pas pour enterrer des peurs non assumées. Néanmoins, il est bon de rappeler le contexte dans lequel ce livre apparaît. Dans son premier livre, Michael exposait sa logique sur la partie agression en self-défense. Il nous a ainsi proposé tout un schéma, facile à suivre dans lequel on pouvait intégrer nos propres connaissances.
En cela, ce premier livre était très bien fait. Néanmoins, il manquait selon moi d’exercices concrets permettant de développer les qualités nécessaires à la réalisation de ce schéma. Attention, encore une fois, la force de la proposition de Riposter était qu’il s’intègre sans difficulté à un bagage technique que chacun peut avoir pour sa pratique. Toutefois, il était un peu juste pour donner des outils à quelqu’un pratiquant peu, ou dans une optique totalement différente.
Riposter : cahier pratique, la pierre stabilisant la proposition de Michael Illouz
Ce deuxième tome de Riposter vient corriger cela. La proposition est simple, donner au lecteur un ensemble d’exercices permettant de développer les qualités nécessaires à la self-défense et plus largement à la sécurité personnelle.
Avant d’aller plus loin, je vais faire une petite disgression. Il y a quatre types de bouquins d’arts martiaux. Ceux qui donnent un historique ou l’essence d’une discipline, ceux qui font une encyclopédie, ceux qui proposent des techniques et ceux qui proposent des méthodes.
En ce qui me concerne, je m’ennuie à mourir dans les catégories encyclopédie et technique… Pourquoi ? Parce qu’il n’y a en général qu’une logique qu’un gamin de trois ans pourrait mettre en place en découpant les techniques par exemple par membres… Ensuite, à l’heure des vidéos sur internet, quel est l’intérêt de montrer un enchaînement technique en photo ? Pour moi aucun. En ce qui concerne les encyclopédies, ben c’est un peu comme un dictionnaire, à moins de vouloir une information particulière, c’est assez pénible à lire page par page.
C’est totalement différent des livres historiques ou qui présentent une logique. Historique, je ne reviendrai pas dessus mais pour la logique oui. Pour moi, Protegor par exemple, mais aussi Riposter sont de cet ordre. Ils donnent la logique, une manière de penser. J’aime beaucoup ce type de livre, malheureusement, ils manquent d’exercices concrets pour pouvoir les exploiter pleinement. Cest là qu’arrive pour une des toutes premières fois à ma connaissance un vrai complément pédagogique avec ces cahiers pratiques. On peut enfin pleinement profiter des enseignements théoriques de Riposter parce qu’on a enfin les outils nécessaires pour l’exploiter.
Cette logique se fait beaucoup dans d’autres domaines mais pour moi, c’est un peu une première en français.
Riposter, un cahier pratique
Voilà ce qu’est ce deuxième opus de riposter : un vrai cahier pratique. Michael à collecter et propose pas loin d’une centaine d’exercices (ou drills dans le livre, rapport à la terminologie militaire qui est vachement plus bad ass quand même :P). Ces exercices sont parfaitement présenter. On a une consigne simple, un objectif bien défini et les qualités qu’il développe dans un contexte de self-défense. Ainsi, le livre couvre ce qu’il faut pour construire le corps, travailler sur toutes les distances, prendre des bons réflexes dans l’action. Il y a ensuite toute une partie qui permet de développer un mindset propre à la protection personnelle mais qui s’assimile en fait à de la vigilance et de la présence à son environnement.
La grosse force de cette manière de faire est de laisser assez de place à l’expérience. Cette logique est totalement différentes à la plupart des arts martiaux proposant un cadre technique assez rigide. Ici, on s’approche plus de la logique pédagogique du sport de combat voir du sport en général. En effet, dans ce type de logique, le cadre sert avant tout à forcer la mise en avant d’une qualité bien précise. Une fois qu’on est sûr que c’est bien cette qualité qui est travaillée, on laisse le pratiquant trouver des solutions lui-même. L’apprentissage par l’expérience est connu maintenant depuis un moment pour être le plus efficace. C’est donc bien ici la logique de la proposition du livre. Autonomiser les pratiquants. Quelque part, c’est bien cela l’esprit de la sécurité personnelle, être indépendant!
La construction du livre
Alors s’il y a un point noir en ce qui me concerne, c’est la construction du livre. Il y a bien une logique dans l’assemblage des exercices, mais elle n’est pas claire. C’est en cela, et je trouve ça dommage, que l’on ne peut pas vraiment parler de méthode. En effet, il n’y a pas spécialement d’indications de quoi faire, quand, dans quel ordre, combien de fois… C’est à chacun de piquer cette bibliothèque d’exercices et de l’organiser un peu à sa sauce.
En soi c’est très bien, mais il me semble évident que vu l’expérience de l’auteur, il a bien un avis sur la hiéarchisation des priorités de chacun des exercices, des temps d’entraînement et de repos entre chaque répétition d’exercices ou entre deux exercices. De même, comment organiser une thématique sur un cours. En fait, à l’image d’un livre comme la méthode Lafay, où il y a de la même manière toute une liste d’exercice mais une proposition d’organisation. Cela fera peut-être l’objet d’un troisième livre.
Toujours est-il que voici le découpage que j’ai cru saisir. D’abord, il y a une série d’exercices pour développer les qualités physiques nécessaires à la self: structure et construction corporelle coordination et précision, coup d’oeil et sang-froid, lecture des trajectoires et déplacement. Vient ensuite le travail de la réactivité et de la sensibilité, permettant de réagir sans avoir à réfléchir et vite. Après ces qualités, l’auteur propose toute une série d’exercice avec une thématique autour du sol et comment gérer cette distance. Il passe ensuite à la distance de lutte avec ou sans arme. A noter que tous ces exercices sont très dynamiques et peuvent se faire avec différents niveaux d’opposition faisant qu’on s’habitue petit à petit à travailler sur un adversaire de plus en plus résistant. Après cela, il passe à une série d’exercices pour prendre l’initiative de la confrontation en utilisant de façon assez intéressante des principes de PNL pour créer des ancrages. Très original.
Voilà en gros les 50 premiers drills proposés.
La partie sécurité personnelle
Ensuite, la logique est plus nébuleuse. Jusque là, c’est à peu près ce découpage que j’ai pu identifier (me suis peut-être complètement planté hein…) mais après, ben ça ressemble un peu à un fourre-tout. Qui dit fourre-tout, dit en général sécurité personnelle cela dit… En effet, le domaine est tellement vaste qu’il semble falloir taper un peu partout pour être performant. En effet, pour moi, gérer les ressources (matérielles , sociales, physiques, intellectuelles, financières) et être capable de les multiplier est totalement dans cette démarche… Par conséquent, dans cette partie, on va autant parler des bombes au poivre que des edc, du profilage, de l’orientation, du travail sur le mindset ou la respiration (avec la technique de respiration de Devine par exemple), la santé et la prévention…
Il est donc difficile d’y voir un vrai fil conducteur. D’autant que cette partie n’était que peu traitée dans le premier ouvrage Riposter. Par contre, c’est un ensemble d’exercices extrêmement intéressant pour compléter un livre comme Protegor ou le bouquin de l’ACDS qui n’en proposent finalement que peu. Par conséquent, cette partie reste encore très intéressante. Pour aller même plus loin, ce sont des exercices utiles pour des situations sociales classiques, même si on ne parle pas de self! C’est ainsi que se termine le livre, sur cette ouverture assez rafraichissante.
Conclusion
Riposter: cahier pratique est original dans sa proposition. Je le conseille absolument à tout ceux qui se soucient d’avoir une pratique applicable en situation réelle. Evidemment, ce livre est totalement potentialisé en se procurant le premier opus: Riposter. Le seul point noir étant le manque d’organisation méthodologique pour encore mieux guider le pratiquant pour progresser. cependant, il y a la place pour un troisième livre du coup…
Par conséquent, je ne retiens que du positif de ce livre et avec la vue d’ensemble, le premier tome me semble encore plus intéressant. Pour finir, ce qu’il transparaît de l’auteur via ses livres est une grande intelligence et une grande ouverture lui permettant d’avoir une proposition très originale et complète pour la sécurité personnelle en général. de plus, il n’y a pas cette impression que j’ai pu avoir avec d’autres (anglophones) qui ont sorti des bouquins “révolutionnaires” où ils réinventent l’eau chaude… Sa proposition est en effet bien plus vaste que le Silat qu’il enseigne à Paris. De plus, il n’y a pas cette impression que j’ai pu avoir avec d’autres (anglophones) qui ont sorti des bouquins “révolutionnaires” où ils réinventent l’eau chaude… Bref, il semble qu’il fasse déjà partie des figures importantes de la nouvelle génération d’instructeurs d’arts martiaux français!
Vous avez lu ce livre? Qu’en avez-vous penser?
N’oubliez pas, l’observatoire des arts martiaux coorganise un séminaire à Toulouse avec Michael Illouz et Guillaume Morel les 9 et 10 février 2019! Profitez de cette occasion pour découvrir leur travail qui sort complètement du lot!
A bientôt
Yvan

